L’Insee : à la recherche des gains de productivité perdus

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L’Insee : à la recherche des gains de productivité perdus

Le blog de l’Insee du 19 juillet 2024 fait le point sur les gains de productivité perdus en France depuis 2019, sur les causes possibles de cette réduction et sur les chances que la croissance reprenne…

Le constat est clair. La productivité, calculée par le rapport PIB / personnes physiques en emploi, a reculé en tendance de 5,5 % de 2019 à 2023 (3,5 % de recul proprement dit + la perte de la croissance tendancielle observée jusqu’alors de 0,5 à 0,6 % annuellement). Ce ralentissement est bien plus fort que celui observé dans les autres pays européens, qui n’a été que d’un point sur la période (le redressement post-COVID a été plus rapide). Il contraste également avec l’évolution constatée aux États-Unis, où la productivité a augmenté en 2021 avant d’atteindre une sorte de plateau et se situe donc aujourd’hui a un niveau nettement supérieur à celui de 2019.

Les pays européens partagent des causes communes de baisse de la productivité, comme l’augmentation du prix de l’énergie et le ralentissement de l’effort de recherche et d’innovation, peut-être aussi les différences avec la France dans la régulation de la crise.  La France se distingue en tout cas des autres pays européens par l’ampleur des gains en matière d’emploi sur la période, soit un gain de 6 points là où les autres pays de la zone euro en sont à 2,8 : or, dans ces gains d’emploi, la montée en France de l’alternance (qui correspond à un emploi mais tenu à temps incomplet par un jeune en cours de formation) explique au moins un point de l’écart résiduel avec les autres pays européens. Au-delà, les économistes discutent pour savoir si le retour sur le marché de l’emploi de personnes qui en étaient jusqu’alors éloignées ou l’amélioration de l’emploi des seniors peuvent aussi être une source d’explication.  Pour compléter, il semble probable que certains secteurs ont connu des « rétentions d’emploi » et ont gardé leurs salariés malgré une baisse d’activité : secteur nucléaire, aéronautique, sans doute aussi commerce, secteur des soins, services financiers, secteur immobilier.

Au final, l’hypothèse retenue par l’Insee est que la France devrait retrouver prochainement son rythme de croissance d’avant crise, mais sans rattrapage. Les économistes pourront alors reprendre, là où ils en étaient, leurs interrogations sur la baisse tendancielle de la croissance de la productivité en France depuis les années 1990 : insuffisante compétence de la main d’œuvre, faible qualité du management et du dialogue social, moindre effort d’innovation, méthodes archaïques, taille des entreprises…plein d’hypothèses à explorer !