Age de fin d’études, entrée sur le marché du travail : évolutions de long terme et inégalités d’insertion dans l’emploi

L’irrigation agricole et son évolution
26 mars 2024
CNCDH : le droit au logement n’est pas effectif
22 avril 2024

Age de fin d’études, entrée sur le marché du travail : évolutions de long terme et inégalités d’insertion dans l’emploi

La DARES a publié en mars 2024 une analyse sur l’évolution de l’âge de la fin des études entre la génération née en 1935 et celle née en 1990, corrélée avec l’évolution des diplômes dans la population (Comment l’âge de sortie des études et les débuts de carrière s’articulent-ils ? Dares, Analyses, n° 21, mars 2024). La note examine également les délais d’insertion dans le marché du travail selon l’âge de fin d’études et compare la situation professionnelle des personnes, en fonction de cet âge de sortie, au fur et à mesure qu’ils s’en éloignent. Les conclusions ne sont pas surprenantes mais leur netteté est frappante.

L’évolution de l’âge de fin d’études tout d’abord : presque les 2/3 des personnes nées en 1935 ont terminé leurs études à 16 ans ou moins. Plus de la moitié des personnes nées en 1960 les ont finies entre 17 et 19 ans. A partir de 1975, 2 jeunes sur trois terminent leur scolarité à 20 ans ou plus. L’âge moyen de sorties des études est passé de 16 à 21 ans entre les générations 35 et 75 et il est stable ensuite jusqu’à la génération 1990. A noter que la situation des femmes, qui tirait la moyenne vers le bas pour la génération 1935 (avec un âge de sortie à 15,7 ans contre 16,8 pour les hommes), s’est inversée aujourd’hui : les femmes terminent leurs études un peu plus tard que les hommes et sont bien davantage diplômées du supérieur (en 2017, 49 % des femmes de 29 à 34 ans contre 39 % des hommes).

Cet allongement des études se traduit par une forte évolution des diplômes. 67 % de la génération née en 2035 étaient sans diplômes ou n’avaient que le brevet des collèges, pourcentage tombé à 11 % pour la génération née en 90. De la génération 1935 à la génération 1990, le pourcentage de diplômés du supérieur court est passé de 3 à 14 % et celui du supérieur long de 6 à 35 %.

Restent cependant encore aujourd’hui des sorties précoces à 16 ans ou moins, même si leur part dans la génération la plus récente est faible (5,4 %). La part des sans diplômes y a baissé selon les générations mais atteint encore un niveau très élevé (70 % en moyenne pour les générations de 1975 à 1990). Les personnes concernées mettent bien davantage de temps à s’insérer (plus de 80 % n’ont pas d’emploi dans les deux ans suivant leur sortie d’études et près de 75 % 4 ans après). La situation est meilleure pour les personnes sorties entre 17 et 19 ans (50 % sont toutefois encore inactives dans les 2 ans suivant leur sortie et moins d’un tiers 5 ans après). Elle est plus favorable pour les personnes ayant achevé leurs études à 20 ans et plus : les ¾ sont en emploi dans les 2 ans, avec une part de CDI plus importante.

La note montre que les taux d’emploi s’améliorent progressivement quel que soit l’âge de sortie d’études. Mais de très forts écarts subsistent : 11 ans après la fin d’études, la part des CDI est de 42 % pour ceux sortis à 16 ans ou moins, de 58 % pour ceux sortis entre 17 et 19 ans et de 69,3 % pour ceux sortie après 20 ans, le solde étant soit inactif, soit au chômage, soit en travail indépendant. La catégorie sortie après 20 ans bénéficie en outre de salaires bien plus élevés.

A l’heure où le chômage est considéré par le gouvernement comme une situation quasiment volontaire, l’étude nous rappelle que l’emploi dépend surtout des besoins de l’économie, que celle-ci réclame des personnels qualifiés et que les laissés pour compte de la formation initiale, bien qu’en baisse notable depuis 55 ans, le payent toute leur vie.